La mythique bataille de Badr : Le 17 Ramadan de l’an 2 de l’Hégire est à marquer d’une pierre blanche. Ce jour glorieux marqua un tournant définitif dans l’histoire de la civilisation musulmane.
Ce 13 mars 624 du calendrier grégorien vit la première bataille des Musulmans contre les Associateurs de La Mecque.
Cet évènement majeur redéfinit les rapports de force et rebattit les cartes. Il eut une caisse de résonance bien au-delà de la péninsule arabique et son impact se fit sentir jusqu’à nos jours.
Prélude
Récemment émigrés à Médine (anciennement Yathrib) pour fuir les persécutions des païens, le Prophète ﷺ et ses Compagnons apprirent le retour de leur ennemi, Abu Soufyan en provenance du “Cham” (le Proche-Orient : la Palestine, la Syrie…) dans le cadre d’un voyage commercial.
Son importante caravane d’une centaine de chameaux, chargés d’immenses richesses, passa non loin de Médine.
Le Messager ﷺ vit dans cette occurrence l’occasion de venger ses Compagnons, spoliés par les Mecquois de Quraysh. En attaquant cette caravane, il pouvait récupérer et redistribuer ce qui a injustement été volé à ses disciples.
Il quitta donc Médine en compagnie de 313 Sahabas pour intercepter le convoi, mais sans aucune velléité guerrière. Ainsi, ils sortirent très peu équipés : seulement 2 chevaux, 70 chameaux et quasiment pas d’armes de guerre.
Abu Soufyan eut vent de cette affaire et réussit habilement à esquiver ses assaillants. Il détacha un émissaire sur le champ pour avertir les Mecquois du dessein de Muhammad ﷺ.
Sans réserve, Abu Jahl, le “Pharaon de cette communauté” (pour la haine qu’il vouait aux Croyants), saisit l’occasion pour préparer une grande et puissante armée qui écraserait ces derniers.
La mythique bataille de Badr : Un choix cornélien
L’Élu ﷺ apprit la nouvelle et se retrouva malgré lui, face à un dilemme. Gêné par la situation, il consulta ses Compagnons. Il leur avait promis un butin facile pour les dédommager des torts subis et voilà qu’une armada s’approchait pour une guerre à laquelle ils n’étaient absolument pas préparés !
Son calife (successeur) Abu Bakr رَضِيَ اللهُ عَنْهُ se leva et lui apporta son soutien indéfectible : “Nous serons derrière toi !”
Umar ibn Al Khattab رَضِيَ اللهُ عَنْهُ lui emboita le pas et fit de même.
Toutefois, le Prophète ﷺ voulut connaître l’avis des Ansars (Médinois) qui composaient le gros de leur troupe.
C’est ainsi que leur honorable chef, Saad Ibn Mou’ad رَضِيَ اللهُ عَنْهُ (celui dont la mort fit trembler le Trône d’Allah) lui répondit :
“Ô Messager d’Allah, es-tu en train de nous consulter ?
Par Celui qui t’a envoyé avec la vérité, nous t’avons suivi.
Tu as ordonné et nous avons obéi, tu nous as interdit et nous avons délaissé
Ô Messager d’Allah, nous t’avons donné nos serments et nos engagements que nous serons à tes côtés quelle que soit la situation et par Allah, même si tu vas jusqu’à traverser la mer, nous te suivrons tous, sans exception !
Aujourd’hui est le jour où Allah veut te montrer que nous sommes de vrais hommes et que nous tenons parole. Par Allah, nous sommes aguerris au combat et fidèles lorsque vient la guerre.”
Ces mots achevèrent de convaincre l’Envoyé ﷺ, déterminé à se rendre au point de rendez-vous à Badr.
Début de la confrontation
Arrivés au lieu de rencontre, ils dressèrent leur camp, tandis que le Messager d’Allah ﷺ exhorta ses Compagnons, leur révélant la bonne nouvelle, promesse de leur Seigneur. Pour eux, deux issues : la victoire ou le Paradis (en martyr) !
Le lendemain, les Quraysh arrivèrent trois fois plus nombreux et s’alignèrent face aux Musulmans.
Comme de coutume, trois hommes de chaque camp s’avancèrent au milieu pour combattre avant la grande mêlée.
Hamza (l’oncle de Muhammad ﷺ), Ali Ibn Abu Talib (son cousin et gendre) et Obeyda رضي الله عنهم terrassèrent leurs adversaires, ce qui brisa le moral des troupes infidèles et galvanisa les Croyants.
Le Prophète ﷺ invoqua encore ardemment son Seigneur pour la victoire.
Une aide providentielle
Soudain, il s’écria “Allahu akbar” ! Il vit Jibril عَلَيْهِ ٱلسَّلَامُ(l’Archange Gabriel) descendre du ciel avec trois mille anges pour soutenir les fidèles !
Satan, ayant pris les traits d’un humain, se trouvait aux côtés des Quraysh pour les motiver à anéantir les Croyants. Lorsqu’il les aperçut également descendre du ciel, il prit la tangente.
L’Élu ﷺ prit une poignée de sable et la jeta en direction des mécréants. Instantanément, le vent, sur ordre d’Allah la projeta dans leurs yeux, qui s’aveuglèrent.
Les Anges, invisibles pour les humains, chargèrent violemment les idolâtres.
Les Sahabas arrivèrent au niveau des polythéistes pour les frapper de leurs épées, mais découvrirent avec stupeur certains qui convulsaient au sol, se tordant de douleur, avant même qu’ils ne les touchent.
D’autres étaient décapités, leurs corps brisés inexplicablement, mais encore vivants.
Contre toute attente, la lutte de la mythique bataille de Badr se solda par une éclatante victoire, décisive, des Croyants et un revers cinglant pour les troupes d’Abu Soufyan
Le sort d’Abu Jahl
Deux garçonnets des Ansars demandèrent à Abdu Rahman Ibn Awf رَضِيَ اللهُ عَنْهُ de leur montrer qui est Abu Jahl.
Étonné, il leur demanda pourquoi cette question.
Ils répondirent qu’ils ont appris qu’il a insulté le Prophète ﷺ et lui a causé du tort ; ils voulaient le venger !
Aussitôt qu’il le désigna, ils exultèrent et se retrouvèrent illico à son niveau, trompant la vigilance de son importante garde, du fait de leur jeune âge.
Ils le firent tomber de son cheval et le frappèrent à mort.
SoubhanAllah ! Alors que les enfants de leur âge ne pensent qu’à jouer, eux ont abattu plus grand ennemi d’Allah, refusant que l’on offense leur Prophète.
Badr, une bataille entrée dans la postérité de l’histoire de l’Islam
Cette victoire miraculeuse est nommément citée par le Très-Haut dans Son noble livre :
“Allah vous a donné la victoire, à Badr, alors que vous étiez humiliés. Craignez Allah donc. Afin que vous soyez reconnaissants !” Sourate “la famille de Imran”, verset 123 (dans le sens rapproché).
Devenue un symbole, la mythique bataille de Badr, a définitivement scellé le destin et le désir de suprématie polythéiste des Mecquois et a brisé leur ascendant psychologique.
Elle n’est pas vainement appelée le jour du discernement (entre le Vrai et le Faux, entre la foi monothéiste et l’idolâtrie).
Le prestige de cette campagne militaire et la dureté de son contexte sont tels que le Seigneur de l’Univers a annoncé aux illustres participants de cette expédition qu’ils peuvent désormais faire ce qu’ils veulent, Il leur a d’ores et déjà pardonné tous leurs péchés !