Que s’est-il passé dans la grotte de Thawr ?

Grotte de Thawr

Grotte de Thawr :

Quelle biographie d’un personnage historique recèle plus de moments de bravoure que celle du dernier Prophète, Muhammad  ?

De sa naissance à sa mort, il n’est pas une vie qui fut rapportée avec autant de précision et véracité.

Accomplir votre Omra ou Hajj en Arabie Saoudite est l’occasion rare de revivre des moments vibrants de cette existence sans pareille, en visitant des lieux, théâtres d’évènements marquants. Parmi eux, un site curieusement méconnu du public, malgré sa mention dans le Coran : la grotte de Thawr.

Contexte

Pour situer l’action, il convient de rappeler les prémices de l’Islam.

Au début de cette formidable épopée, les nouveaux Croyants font face à une répression féroce de la part des païens de la Mecque qui rejettent catégoriquement la “nouvelle” religion révélée à Muhammad .

Dès lors, pour les mettre à l’abri des persécutions, le Messager les enjoint à quitter la Mecque, abandonnant fortune et famille.

Premièrement en Abyssinie chrétienne, puis à Yathrib au nord (qui deviendra Médine) islamisée depuis peu.

Alors que la majorité des Compagnons a pu quitter La Mecque, l’Envoyé est empêché sur injonction de l’élite mecquoise, “la tribu Quraysh” (ou “Quraych”), dont il est lui-même issu.

Elle craint qu’il ne gagne en puissance à l’extérieur et qu’il attaque ensuite son pré carré, les caravanes commerçantes.

Par cette décision, il demeura circonscrit à la Mecque, mis à l’index et ostracisé tout comme les autres croyants frappés d’interdiction de quitter le territoire.

En somme, son sort était en sursis, les notables statuant inlassablement sur son cas.

Grotte de Thawr : Une intrigue diabolique

Au terme de nombreuses tergiversations, les polythéistes, dans leur offense, ourdirent un complot machiavélique.

Leur funèbre lubie fut d’élire un homme vigoureux de chaque clan pour assassiner collectivement le Prophète .

Par ce stratagème, la responsabilité ne reposerait sur aucun clan unique, mais serait divisée entre tous.

Le clan du Messager d’Allah , les Banu Hashim, aussi puissant soit-il, ne saurait venger sa mort en affrontant seul toute cette coalition.

Par conséquent, à défaut d’une vendetta, il se contenterait d’une compensation financière comme prix du sang.

Le secours providentiel

Qu’en fut-il de la miséricorde d’Allah عزّ وجل, allait-Il abandonner son ultime messager ? Non pas du tout!

L’Archange Gabriel عَلَيْهِ وَسَلَّم (Jibril) informa Muhammad de cette conspiration.

Ce dernier intima l’ordre à son fidèle compagnon Abou Bakr رضي الله عنه de hâter ses préparatifs pour s’enfuir vers Médine en urgence.

Le véridique exulta du privilège de faire la Hijra avec son Prophète .

Également, l’Envoyé rusa en demandant à son cousin Ali رضي الله عنه de s’installer dans son lit, vêtu de son manteau. L’intrépide enfant s’exécuta sans hésiter.

Étonnamment, le Prophète insista auprès de lui afin qu’il remette les dépôts des Quraysh à leurs ayants droit.

Il fut soucieux de ne pas trahir ses engagements en rendant à ceux qui planifiaient de le tuer, les avoirs qu’ils lui avaient confiés.

Bien qu’ils désavouassent sa foi et qu’ils le détestaient pour cela, ses ennemis persistaient à déposer leurs trésors chez lui, les sachant en totale sécurité.

Quel paradoxe ! Il ne fut pas surnommé “al-Amîn” (le digne de confiance) en vain.

« (Et rappelle-toi, Ô Muhammad) le moment où les mécréants complotaient contre toi pour t’emprisonner ou t’assassiner ou te bannir. Ils complotèrent, mais Allah a fait échouer leur complot, et Allah est le meilleur en stratagèmes. » (Sourate “le butin”, verset 30, dans le sens des versets)

Le début de l’exode

L’Élu se rendit chez Abu Bakr رضي الله عنه. Ils rassemblèrent des provisions et prirent la tangente aussitôt.

Présageant que les infidèles seraient à leurs trousses une fois le subterfuge mis à nu, ils prirent la direction opposée, au sud au lieu du nord.

Sans surprise, les Quraysh devinrent fous de rage lorsqu’ils découvrirent la supercherie.

Ils déployèrent sans vergogne des moyens pléthoriques pour les rattraper, mettant leurs têtes à prix : cent chameaux (une prime équivalente à plus de deux cent mille euros de nos jours !) à qui les captureraient, morts ou vifs.

L’épisode de la grotte de Thawr

Au cours de leur cavale, les deux fugitifs se calfeutrèrent dans une caverne juchée au faîte d’une montagne reculée.

Le pic se trouvait à quatre kilomètres de La Mecque et la grotte se tenait au bout d’un chemin escarpé à sept cent quarante-huit mètres d’altitude.

La cavité faisait un mètre vingt-cinq de hauteur et possédait deux accès.

Ils se retranchèrent trois jours et trois nuits au fond de cette galerie.

Sur leurs instructions, AbduLlah, le fils d’Abu Bakr رضي الله عنهما les rejoignait discrètement au crépuscule, pour informer des nouvelles de La Mecque et de l’avancée de la traque.

Asma, fille d’Abu Bakr رضي الله عنهما, leur apportait des provisions.

Enfin, la nuit tombée, le berger d’Abu Bakr رضي الله عنهما faisait paître son troupeau non loin pour les ravitailler en lait frais et effacer leurs traces.

Le danger fut tout proche !

Les recherches intensives persistèrent jusqu’au jour où des assaillants Quraysh arrivèrent au mont et parvinrent à l’entrée de la grotte.

Abu Bakr As Seddiq رضي الله عنه fut pris d’effroi, les ennemis d’Allah se tenaient devant et furent sur le point de les débusquer.

Tapis dans l’obscurité, il paniqua, non pas pour sa personne, mais pour la vie de son noble Prophète . Il prononça ces mots célèbres :   

Si l’un d’entre eux regardait sous ses pieds, il nous verrait !”

Alors le Prophète dit : « Que penses-tu, ô Abu Bakr de deux personnes dont Allah est le troisième ? »

(D’après Abu Bakr et rapporté par Boukhari, sahih n°3653 et Muslim, sahih n°2381)

Et pour cause, ils bénéficièrent de l’aide salutaire d’Allah عزّ وجل.

Les polythéistes firent chou blanc, malgré leur extrême proximité et repartirent bredouilles.

« Si vous ne lui portez pas secours… Allah l’a déjà secouru, lorsque les mécréants l’avaient banni, deuxième de deux. Quand ils étaient dans la grotte et qu’il disait à son compagnon : « Ne t’afflige pas, car Allah est avec nous. » Allah fit alors descendre sur lui Sa sérénité « Sa sakîna » et le soutint de soldats (Anges) que vous ne voyiez pas, et Il abaissa ainsi la parole des mécréants, tandis que la parole d’Allah eut le dessus. Et Allah est Puissant et Sage. » (Sourate “le repentir”, verset 40, dans le sens des versets)

Le départ après avoir été sauvés in extremis

Lorsque les traqueurs disparurent, le tandem quitta son repaire et s’alloua les services d’un guide chevronné, Ibn Ourayqid, païen de son état, pour gagner Médine.

Ils empruntèrent une voie inaccoutumée, le long de la côte, pour éviter les patrouilles essaimant la route.

Cette émigration légendaire pour la noble face d’Allah connut ensuite son lot d’aléas et d’embûches.

Finalement, au terme d’un peu moins de deux semaines environ, le noble Messager et ses acolytes arrivèrent à Quba, où sera édifiée la mosquée éponyme.

Grotte de Thawr : Bénéfices de cette séquence historique

Les enseignements à tirer de ce voyage mythique sont abondants.

Parmi eux, le fait d’agir avant de placer sa confiance en Allah :

Les protagonistes se sont préparés, ils ont établi un plan solide, puis s’en sont remis à leur Seigneur.

Par ailleurs, quelques précisions méritent d’être apportées :

  • On entend fréquemment l’anecdote chimérique d’une araignée qui aurait tissé sa toile à l’entrée de la grotte en guise de leurre pour les Kouffars. Les hadiths relatant cela sont tous faibles !
  • Dans la parole “Que penses-tu… de deux personnes dont Allah est le troisième ?”, il ne faut pas comprendre qu’Allah était “physiquement” présent avec eux, mais plutôt qu’Il les a secourus.

Il est bien connu qu’Allah عزّ وجل est au-dessus de Son Trône !

Enfin, il est défendu de chercher une quelconque bénédiction dans cette Grotte de Thawr, néanmoins vous pourrez tout à fait visiter son musée juste en dessous de la grotte avec Omra du Savoir pour méditer sur ces évènements incroyables ayant défrayé la chronique et ressentir ce qu’ont vécu nos bien-aimés !

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